9 February 2012

Quand l’information devient pollution

Tous les cours sur la propriété intellectuelle commencent par rappeler que les biens informationnels sont coûteux à produire mais non à reproduire[1] et qu’il faut par conséquent mettre en places des incitants à la production d’information. D’où la propriété intellectuelle.

Mais manquons-nous vraiment d’information ? Il semblerait parfois que nous souffrons plutôt d’une overdose d’information.

La surconsommation de l’information peut rendre malade.Telle est la surprenante thématique d’une singulière exposition qui se tient actuellement au musée de la communication à Berne. Dans le domaine de la nutrition, trop manger peut nuire plus moins gravement à la santé. Il en est de même avec les tonnes d’informations que l’on consomme à l’excès partout, n’importe quand et sur tous les supports possibles.Au travers de l’exposition et des pistes de réflexions proposées, on s’abandonnera librement à un check-up  qui déterminera notre niveau d’intoxication et permettra de discerner la gravité de notre addiction.

Et attention, gardons à l’esprit que nous avons tous une part de responsabilité dans cette situation car nous produisons nous-mêmes de l’information chaque jour en la propageant, en la colportant ou simplement en la partageant.

Cela vous interpelle-t-il ? Que pensez-vous de cette surabondance d’informations qui vous oppresse continuellement ?

Lorsque l’on sait qu’à l’heure actuelle, il se produit tous les deux jours le même flux d’informations qu’entre le commencement des civilisations et l’année 2003[2] (et encore, il n’est question que des données publiées sur Internet), n’y a-t-il pas lieu de se demander si l’ « infobésité » est, comme l’obésité, un « mal » qu’il faut soigner ?

Bien entendu, afin de permettre aux individus de s’y retrouver dans ce labyrinthe informationnel, sont apparus des intermédiaires en tout genre (songeons notamment aux portails, moteurs de recherche, agrégateurs de news, référenceurs, etc.) faisant en sorte de filtrer les news ou de les hiérarchiser[3].

Parallèlement à cela, il importe également d’observer que les contenus informationnels sont aussi produits par les internautes eux-mêmes, que ce soit par le biais des réseaux sociaux, des blogs, des forums de discussion ou encore via ce qu’onappelle le journalisme collaboratif.

Dans ce contexte, des interrogations supplémentaires peuvent encore se poser :

  • Quel est encore la justification du droit d’auteur et comment peut-on le faire respecter le droit d’auteur (doit-on prôner sa réforme ?)
  • Quel est l’avenir de la presse face à cette pléthore de nouveaux intermédiaires ?

 Post rédigé par Elodie Depuyt étudiante (2è Master en droit à l’UCL)

 


[1] Hal R. VARIAN, « Markets for Information Goods », University of California, Berkeley, 1998, p. 3.

[2] E. SCHMIDT cité par E. SCHERER, A-t-on encore besoin des journalistes ? Manifeste pour un « journalisme augmenté », Paris, Presses Universitaires de France, 2011, p. 31.

[3] J. FARCHY, Internet et le droit d’auteur. La culture Napster », Paris, CNRS Editions, 2003, pp. 123-127.

23 Comments Leave a comment

Submit comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *