Comments for « A Flatrate for Culture » Vers une licence globale obligatoire en droit d’auteur

Julien de Cartier d'Yves
Pour continuer la critique du rapport hadopi initié précédemment par Alice Golenvaux, le bilan rendu par la hadopi m’apparait difficilement objectif. Je pense que pour mieux comprendre il faut rappeler le contexte de l’hadopi. D’une part, cette loi fut soutenue uniquement par l’UMP au parlement, les débats parlementaires se sont limités à refuser toute proposition émanant de l’opposition et même…
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Pour continuer la critique du rapport hadopi initié précédemment par Alice Golenvaux, le bilan rendu par la hadopi m’apparait difficilement objectif. Je pense que pour mieux comprendre il faut rappeler le contexte de l’hadopi. D’une part, cette loi fut soutenue uniquement par l’UMP au parlement, les débats parlementaires se sont limités à refuser toute proposition émanant de l’opposition et même de membre UMP. D’autre part, sur 10 candidats à la présidentielle, 9 sont pour une abrogation ou modification de l’hadopi, exception faite du président sortant. Dans un tel contexte, le rapport est à prendre avec des pincettes.

Je rejoins Alice Golenvaux sur les analyses des chiffres. Pour ma part, je suis atterré de l’utilisation abusive de chiffres pour démontrer n’importe quoi. Même sans penser que cette doctrine fût amplement utilisée par les services de l’ancien président français, les chiffres donnés me semblent vides de sens. Commençons notre analyse par l’effet de la réception d’un avertissement de l’hadopi, si une lecture en diagonale pouvait nous faire penser que 95% des utilisateurs cessent d’être dans l’illégalité. Il faut comprendre que 95% des utilisateurs qui n’ont pas encore modifié leurs habitudes sur internet le font après un courrier de l’hadopi. Rappelons qu’une recherche sur google : « contourner hadopi » et deux, trois clics de souris suffisent pour ne plus recevoir d’avertissement.

Mais le plus beau des graphiques est sans doute celui présenter à la page numéro 4 du rapport, intitulé : « Nielsen constate une baisse d’audience d’environ 17% en 2011 ». Suis-je le seul à remarquer que la diminution du P2P était plus significative « avant » l’entrée en vigueur de l’hadopi ?

La dernière remarque concernant le rapport et plus particulièrement les pages 7 et 8. Les deux graphiques qui représentent, d’un côté, le soi-disant non-report du P2P sur le streaming et le téléchargement direct, d’un autre, l’augmentation de l’offre légale. À entendre la présidente, Marie-Françoise Marais, le premier a diminué significativement alors que le second a augmenté significativement. Il saute aux yeux que ces graphiques sont relativement stables et qu’il est difficile d’y voir une différence, la présidente ne semble pourtant pas du même avis. D’autre part, concernant le report du téléchargement illégal sur le streaming et téléchargement direct, d’autres chiffres tendent à montrer que la diminution de l’un est proportionnelle à l’augmentation de l’autre ( sources : Panel Médiamétrie ; NetRatings ).

En ce qui concerne la licence globale. Les critiques qui précèdent semblent partir du principe qu’en cas de licence globale, c’est toute l’économie « non numérique » qui risquerait de s’effondrer. Il est tout à fait possible d’imaginer une mise à disposition légale des oeuvres sur les réseaux, contrebalancée par un forfait, précédé par un laps de temps réservé pour la vente matérielle, une certaine exclusivité qu’il appartient au législateur de mettre en place avec les partenaires sociaux.

Pour terminer, depuis quelques années, les FAI permettent aux consommateurs de downloader (toutes données confondues) une masse toujours plus grande d’informations. Ainsi, sont apparues, en Belgique, les offres sans limites de téléchargement dans le but de ne pas freiner l’offre légale sur internet. L’utilisateur de streaming ou de P2P choisi dans le panel de forfait à sa disposition celui qui lui permettra d’effectuer tous ses téléchargements. Ce système me semble, d’une certaine façon, proche de ce qu’il pourrait exister dans la création d’un « forfait culturel ». L’argent que nous donnons en plus aux FAI pourrait en partie être réparti aux ayants droit, par l’intermédiaire d’un tel forfait. Cependant, les plus gros problèmes ne semblent pas se situer au niveau des idées, mais bien de la réalisation effective de celles-ci.

Sources :

http://www.europarl.europa.eu/committees/fr/studiesdownload.html?languageDocument=EN&file=44308

http://www.zdnet.fr/actualites/la-hadopi-defend-son-bilan-sur-la-baisse-du-p2p-illicite-39770063.htm

http://www.lefigaro.fr/medias/2012/03/27/20004-20120327ARTFIG00534-hadopi-oui-la-reponse-graduee-a-un-impact.php

http://www.tomsguide.fr/actualite/Hadopi-bilan,3129.html

http://hadopi.fr/sites/default/files/page/pdf/note17.pdf

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Alice Golenvaux  
Consciente que mon commentaire est une petite digression, je voudrais cependant, tout comme Mademoiselle Lhoste, relever la mise à jour effectuée ci-dessus à propos du rapport rédigé par l’HADOPI pour ses 17 mois d’existence (c’est d’ailleurs parce que ce rapport a été posté ici que j’ai choisi de rédiger mon analyse sous cet article et non en dessous de celui…
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Consciente que mon commentaire est une petite digression, je voudrais cependant, tout comme Mademoiselle Lhoste, relever la mise à jour effectuée ci-dessus à propos du rapport rédigé par l’HADOPI pour ses 17 mois d’existence (c’est d’ailleurs parce que ce rapport a été posté ici que j’ai choisi de rédiger mon analyse sous cet article et non en dessous de celui intitulé « Hadopi Vs licence légale, comment protéger les droits d’auteur ? »)

Les commentaires précédents ont tous relevé un certain nombre de désavantages et de difficultés d’application à la licence globale, tendant sans doutes à privilégier la répression, solution alternative à la lutte contre le téléchargement illégal.

Mademoiselle Lhoste vante d’ailleurs ci dessous les « effets positifs » de la loi Hadopi, suite au rapport publié par la Haute Autorité. Il me semble cependant nécessaire de les nuancer.

Selon ce rapport, le comportement des internautes a fortement évolué depuis l’entrée en vigueur de cette loi.

Et pourtant…

Le P2P est mondialement en déclin, et donc pas uniquement « en France. De plus, cette baisse a commencé avant l’entrée en vigueur de la loi Hadopi, dès 2007. C’est pourquoi certains l’associent plutôt à un abandon massif des logiciels de téléchargement tels que eMule et Lime Wire, étant devenus moins performants que le DDL,, nouvellement arrivé sur le marché par exemple.

Jérémie Zimmerman, responsable de « April », association qui promeut et défend le logiciel libre, souligne que Hadopi ne mesure « que la pointe de l’iceberg ». D’autres solutions que le P2P se sont en effet développées pour télécharger. Or, la loi Hadopi n’autorise l’utilisation de la réponse graduée que pour le P2P.

Il faut également souligner la méthodologie utilisée par Hadopi pour émettre son bilan. Il s’agit de sondages, réalisés sur un échantillon restreint de la population française. Certaines études utilisent également le suivi d’internautes ayant volontairement installé un outil surveillant leur comportement en matière de téléchargement. Nul besoin de préciser que ces études sont donc d’une imprécision indéniable.

Le rapport indique également que son “troisième enseignement est le développement, concomitant à la baisse du piratage, de l’offre légale de musique et de films, auquel a également contribué la labellisation par la Hadopi des sites légaux, dont la fréquentation a augmenté de 20 % au cours de l’année 2011.” Mais dans les détails, si Beezik, Spotify ou Qobuz ont bien gagné en fréquentation, ce n’est pas le cas de tous les sites de téléchargements légaux. Ainsi, sur les douze étudiés par Médiamétrie, sept ont perdu en nombre de visiteurs, dont Deezer, qui est pourtant un des leaders français. De plus, le lien de cause à effet entre le développement de certains sites de téléchargement légal et la loi Hadopi semble assez flou…

Avant de crier victoire en vue des proches élections, Sarkozy et son Hadopi feraient donc mieux d’attendre des résultats un peu plus probants….

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Anne de Sauvage Vercour
L’idée d’une licence obligatoire pour luter contre le téléchargement illégal s’inscrit dans le courant de la thèse fataliste qui domine et selon laquelle le développement de l’ère numérique et de l’internet signe l’arrêt de mort de l’industrie des biens de contenus. Mon propos sera ici de démontrer que, plutôt que de constituer une menace, l’ère des réseaux numériques et de l’internet…
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L’idée d’une licence obligatoire pour luter contre le téléchargement illégal s’inscrit dans le courant de la thèse fataliste qui domine et selon laquelle le développement de l’ère numérique et de l’internet signe l’arrêt de mort de l’industrie des biens de contenus.
Mon propos sera ici de démontrer que, plutôt que de constituer une menace, l’ère des réseaux numériques et de l’internet offre de nouvelles opportunités pour le marché économique des biens de contenus via de nouveaux modèles d’appropriation.

En effet, la profonde mutation qu’opère la numérisation des contenus dans l’industrie des biens de contenu doit avant tout s’analyser en termes d’appropriation économique (id est la manière dont les différents agents économiques s’approprient la valeur économique d’un bien). En effet, l’appropriation économique traditionnelle des biens de contenu – laquelle repose sur un mécanisme de diffusion contrôlée et restrictive du bien de contenu via la mise en œuvre du droit d’auteur – semble ne plus être efficiente à l’heure du numérique et de l’internet et ce pour diverses raisons : accroissement de la circulation des créations sur les réseaux numériques, réduction des coûts de reproduction, difficultés de contrôle par le droit d’auteur. Dès lors, au lieu de crier à la mort des biens de contenus et de leurs créateurs, il faut réfléchir aux nouveaux modèles d’appropriation qu’offrent le numérique et l’internet et qui sont amènes de garantir aux créateurs une juste appropriation de la valeur économique de leurs œuvres.

Le versioning est une première stratégie d’appropriation qui semble pouvoir tirer profit du numérique. Le versioning repose sur l’idée que l’hétérogénéité de biens est per se une source de valeur économique, les consommateurs étant eux-mêmes hétérogènes. Le versioning peut être vertical ou horizontal.
Le versioning vertical repose sur l’idée qu’un même contenu exploité sous des supports différents, élargit la taille du marché et augmente donc les ventes du contenu. Cette stratégie, qui instaure in fine une discrimination en prix par la qualité, si elle était déjà utilisée dans l’industrie traditionnelle des biens de contenus (on pense notamment aux livres en version de luxe et en version de poche ), semble connaître un nouvel essor à travers le numérique et l’internet. Ainsi, nombreux sont les sites qui proposent des programmes informatiques en version standard, pro et gold, l’idée étant que les consommateur ont des besoins spécifiques et sont prêts à payer des prix différents.
Le versioning horizontal quant à lui consiste à décliner un même contenu en des produits qui correspondent aux caractéristiques idéales du consommateur, de sorte à ce que la disponibilité du consommateur à payer augmente. Ici aussi, le domaine du numérique et de l’internet semble particulièrement réceptif à ce genre de stratégie commerciale, puisqu’il est très facile de customiser les fonctions d’un logiciel aux besoins propres à chaque consommateur. Ainsi par exemple, tous les portails internet proposent la possibilité de personnaliser sa page d’accueil.

Le bundling est une autre une stratégie commerciale à laquelle le numérique et l’internet semble offrir de nouvelles possibilités. La logique du bundling consiste à augmenter l’hétérogénéité du contenus des biens (en le diversifiant), de sorte à diminuer l’hétérogénéité du consommateur. Cette pratique conduit in fine à une augmentation du prix de vente du bien (voyez l’exemple suivant : soit 2 lecteurs, dont l’un est très intéressé par l’économie, et dont l’autre est très intéressé par la politique ; le premier accorde une valeur de 2 euros à l’information économique, et une valeur de 1 euro à celle de la politique ; le deuxième accorde une valeur de 1 euro à l’information économique et une valeur de 2 euros à l’information politique ; si le diffuseur vend son contenu par catégorie homogène, il peut vendre chaque type d’information à soit 2 euros ou soit 1 euro ; dans ces deux cas, il aura un profit de 4 euros ; par contre, s’il vend un bien hétérogène qui contient les deux types d’informations, il pourra vendre ce bien au deux consommateurs à 3 euros et aura donc un profit de 6 euros). Plus difficilement praticable dans un environnement matériel traditionnel, le bulding est au contraire particulièrement adapté à la vente de biens informationnels sur internet (on pense notamment aux sites qui donnent accès à un éventail de revues pour un prix fixe). Les bouquets de chaînes de télévision vendues par un abonnement au câble reposent également sur la stratégie du bundling.

Une autre manière pour l’industrie du contenu de faire face à la révolution opérée par le monde du numérique et de l’internet, est de tirer profit du surcroit de diffusion lié au numérique (et au piratage), en mettant en œuvre des mécanismes d’appropriation indirects.
Il s’agit ici notamment de valoriser les biens qui sont complémentaires au bien de contenu et dont la valeur dépend de la diffusion de ce bien de contenu. Ainsi par exemple, l’accès des logiciels à des coûts très faibles voire nuls a entrainé corrélativement un accroissement de la demande pour les supports d’assistance ou de formation à ces logiciels. De le même manière mais dans un autre domaine, on observe que la diffusion massive des chansons sur internet s’accompagne d’une hausse de la demande de concerts.
Une autre perspective ouverte par le surcroit de diffusion est de faire découvrir des contenus gratuits à des consommateurs qu’il faut encore convaincre de l’adéquation du produit à leurs besoins.

En conclusion, nous pouvons dire que, loin de condamner l’industrie du contenu, la révolution du numérique et de l’internet ouvre de nouvelles perspectives en terme de valorisation des biens de contenus. Certainement, la numérisation et la diffusion des contenus via internet bouleversent les modes traditionnels d’appropriation économique. Mais plutôt que d’être vue comme une menace, le développements des réseaux numériques doit être regardé comme une nouvelle sources de valeur pour l’exploitation des biens de contenus.

Source :
CEREC X.-W. et GABSZEWICZ J., L’appropriabilité économique des biens de contenus, disponible sur : http://centres.fusl.ac.be/CEREC/document/2007/cerec2007_4.pdf

LEVEQUE F. et MENIERE Y., Economie de la propriété intellectuelle, La découverte, Paris, 2003.

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Lhoste Alexandra
J'aimerais faire un commentaire qui diffère un peu des précédents. Je vais me concentre plutôt sur les aspects négatifs et les difficultés que la mise en oeuvre de la licence globale pourrait générer (sans pour autant nier tout ce qui a été dit précédemment). Comme déjà dit dans les autres postes, il faut s'adapter à l'avènement du numérique. Celui-ci a, malheureusement,…
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J’aimerais faire un commentaire qui diffère un peu des précédents. Je vais me concentre plutôt sur les aspects négatifs et les difficultés que la mise en oeuvre de la licence globale pourrait générer (sans pour autant nier tout ce qui a été dit précédemment).

Comme déjà dit dans les autres postes, il faut s’adapter à l’avènement du numérique. Celui-ci a, malheureusement, facilité la contrefaçon des oeuvres protégées par le droit d’auteur mais il est impossible de revenir en arrière, le numérique, c’est l’avenir. Il n’y a donc pas d’autre choix : il faut trouver un équilibre entre la protection des auteurs et l’incitation à l’innovation. Pour cela, il faut tenter d’appliquer nos normes de droit actuelles à l’ère du numérique ; il faut repenser nos modèles et instaurer de nouvelles solutions flexibles et durables. Mais cela n’est clairement pas simple et les diverses solutions proposées ont toutes leurs inconvénients. Les débats vont rage aujourd’hui et cela n’est sûrement pas prêt d’être fini car aucun des systèmes ne parait répondre au problème de façon optimale. Mais une chose est sûre : la prise de conscience de ce problème est mondiale.

Remarquons, de premier abord, que déjà six inconvénients que la mise en place de la licence globale pourrait générer ont été pointés dans cet article. Je suis d’accord qu’à ces problèmes peuvent être trouvés des débuts de solutions (je rejoins donc, pour certains point les commentaires de Mme Wirion et Mademoiselle Lycops). Ces solutions restent selon moi pour le moment insuffisantes et doivent encore faire l’objet d’un temps de réflexion et d’organisation avant toute mise en oeuvre.

De plus, je pense surtout que la licence globale pose des problèmes qui n’ont pas encore été ici soulignés.

Tout d’abord, certains auteurs (que je rejoins) estiment que la licence globale va contre le principe même du droit d’auteur en supprimant le droit d’autoriser ou d’interdire. Tout le monde aurait accès à tout alors que le but du droit d’auteur est justement de mettre des barrières et de protéger les auteurs. A cela, les défenseurs de la licence globale répondent que celle-ci viserait, à l’instar du mécanisme de la copie privée, à créer (ou prolonger dans le monde du numérique) une exception au droit d’auteur. Peut-être mais si on va dans ce sens, jusqu’où allons nous aller, n’y a-t-il pas déjà assez d’exceptions ?

Le droit d’auteur est déjà mis à mal à cause du monde numérique (un exemple parmi tant d’autres : chaque internaute peut supprimer le nom de l’artiste, de l’auteur d’une oeuvre et le renommer comme bon lui semble ; cela porte directement atteinte au droit de paternité de l’oeuvre) mais la licence globale ne fait que laisser ce problème en place en le détournant puisqu’elle « autorise le partage illimité de contenus et d’oeuvres échangés sur internet par tout type de personnes ». La licence globale ne contrôle pas les échanges sur les réseaux peer-to-peer. Sous réserve de la mise en place d’un système de DRM, les auteurs perdent donc tout pouvoir quant à la mise à disposition ou non de leur œuvre, ils ne contrôlent plus la qualité ni la circulation de celles-ci et la licence globale évite tout simplement de répondre à ce problème.

Or rappelons que c’est tout simplement la finalité même du droit d’auteur : protéger les droits des auteurs et de les rémunérer pour l’exploitation de leurs oeuvres.

Ce qui nous amène à un deuxième problème non souligné : comment organiser la répartition du prélèvement forfaitaire entre les ayants droits ? Comment répartir équitablement pour que ceux-ci aient une juste rémunération par rapports à leurs créations ? Il est proposé de se baser sur des sondages, des statistiques ou de demander une collaboration des FAI, bien. Mais quid des petits artistes ? Ceux-ci se feront tout simplement écrasés par les artistes commerciaux célèbres. Puis, avouons le, ces systèmes paraissent difficiles à mettre en oeuvre concrètement et impliqueront de nouveaux problèmes (des statistiques négligeraient les « petits artistes » et demander une collaboration des FAI ferait resurgir le problème de la vie privée quand il s’agit de saisir les adresses IP)…

Bref, on le voit, rien n’est clair et le projet de licence globale est un projet encore mouvant auquel il convient encore de redessiner les contours. Il est évidemment indéniable qu’il offre un début de solution à la lutte contre le téléchargement illégal et propose d’adapter le droit à l’ère numérique (ce qui, dans l’évolution des choses, va de toute façon devoir se faire) mais il ne faut pas pour autant perde de vue la conception classique du droit d’auteur et l’impact que pourrait apporter la licence globale sur cette conception ; ce serait un peu un monde qui s’écroule.

Je pense donc, qu’à l’heure actuelle, la licence globale n’est pas une solution propice. Bien que ce système comprend aussi des inconvénients, je pense que le système de la réponse graduée (Hadopi) serait une meilleure solution. D’ailleurs, les statistiques ont montré l’impact que la loi Hadopi a eu en 17 mois sur le téléchargement illégal : celui-ci a reculé. De plus, ce système enlèverait déjà certains des problèmes évoqués dans cet article, dont notamment les suivants : le problème selon lequel il serait injuste de faire payer les intermédiaires qui ne téléchargent pas ou la question du montant de la taxe ou encore la compatibilité avec le droit international. Le système n’est, lui non plus, pas parfait mais et pose d’autres problèmes à d’autres niveaux mais me parait cependant plus logique et ses effets ont déjà été mesurés. Chaque système renvoie à une multitudes de problématiques et il n’est pas facile d’y voir clair dans tout ça mais le fait que le système Hadopi ait déjà eu des effets positifs, je pense que c’est déjà un bon début et qu’il faut continuer dans ce sens.

Sources:

http://www.licenceglobale.fr/titre-premier-la-licence-globale-une-remise-en-cause-profonde-du-droit-dauteur-chapitre-1-la-licence-globale-une-atteinte-au-droit-dauteur/

http://hadopi.fr/sites/default/files/page/pdf/note17.pdf

http://medialab.sciences-po.fr/controversies/2011/ecole_com/licence_globale/la-controverse/

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Nathalie Lycops  
La lutte contre le téléchargement illégal d’œuvres sur internet n’est pas nouvelle. Cette lutte a pour but de protéger les auteurs de ces œuvres et par la même occasion de garder cet incitant à la création qui est le retour sur investissement. Il est certain qu’internet a bouleversé l’équilibre qui existait avant. La technologie de plus en plus pointue a permis…
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La lutte contre le téléchargement illégal d’œuvres sur internet n’est pas nouvelle. Cette lutte a pour but de protéger les auteurs de ces œuvres et par la même occasion de garder cet incitant à la création qui est le retour sur investissement.

Il est certain qu’internet a bouleversé l’équilibre qui existait avant. La technologie de plus en plus pointue a permis la copie de fichiers d’une qualité égale aux fichiers de départ. Avant ce problème n’existait pas puisque la copie était d’une qualité nettement inférieure à l’original ce qui poussait les personnes intéressées à acheter le cd plutôt que de le copier directement du cd d’un ami par exemple.
La technologie a donc fait des dégâts dans cette industrie mais il est intéressant de faire une analyse coût-bénéfice qui ne peut conduire qu’à la conclusion que les nouvelles technologies apportent bien plus à tous (sans oublier ces artistes qui l’utilisent pour enregistrer leurs sons, la meilleure qualité des effets spéciaux de films etc) même si certains inconvénients sont évidents.

En partant du constat que les nouvelles technologies existent bel et bien et qu’elles s’inscrivent dans une évolution positive de notre société, c’est à nous de nous y adapter et par conséquent de trouver un juste milieu entre l’accès à la culture et une rémunération équitable des auteurs. Cette tâche s’avère ardue pour celui qui s’y intéresse car beaucoup de paramètres sont en jeu mais elle est nécessaire pour le bien commun et la satisfaction de tous. Chaque solution porte son lot d’avantages et d’inconvénients mais malgré ce constat, parmi toutes ces bonnes et moins bonnes solutions, il est certain qu’il en existe une meilleure et que c’est précisément celle-là qui devra à terme être choisie.

Une des solutions avancées par différents acteurs est l’instauration d’une licence légale globale. Cette licence a comme caractéristique d’autoriser les téléchargements sur internet d’œuvres protégées par le droit d’auteur contre une rémunération fixe payée par tous les détenteurs d’un accès haut débit. Comme le dit Mathis Bredimus, certaines justifications à ce modèle ont été avancées comme l’accès à la culture, le fait que la lutte contre le piratage est une peine perdue et que le traçage implique une atteinte importante à la vie privée des internautes.

L’accès à la culture est l’argument qui revient le plus souvent lorsqu’ il s’agit de droit d’auteur. C’est effectivement un droit très important mais pour y avoir accès, il faut précisément qu’il y ait encore de la culture. Il est donc fondamental de préserver notre patrimoine en incitant les artistes à la création. Cette solution permettrait à première vue de concilier les deux parties.
Ensuite, la lutte contre le piratage est en effet difficile car dès qu’une nouvelle solution est inventée pour protéger les œuvres, des pirates se mettent directement au travail pour essayer de la contourner. De plus, la lutte est inégale en nombre puisque beaucoup de pirates existent contre peu de protecteurs que les industries doivent payer. Dans la course à l’innovation, il y a effectivement peu de chance que l’industrie ressorte gagnante ni même qu’elle garde longtemps le peu d’avance qu’elle a à la sortie d’une nouvelle technique de protection.

Enfin le traçage est évidemment très intrusif dans la vie privée et puis la solution n’est pas de punir 3/4 des personnes. De plus pour arriver à une telle solution, les moyens mis en œuvre devront être colossaux. Il ne faut pas oublier non plus que le nombre de gigas téléchargeables avec une connexion haut débit n’a cessé de croître avec le temps jusqu’à devenir pratiquement illimité. Il est certain que cela n’a fait que répondre à une demande croissante mais malgré cela, tout est mis en œuvre pour faciliter encore un peu plus le téléchargement légal et illégal.

La licence légale globale a bien sûr quelques inconvénients. Selon l’article de Mathis Bredimus, ils seraient au nombre de 6. La commercialisation traditionnelle deviendrait obsolète, un traçage serait nécessaire pour une rétribution équitable, les internautes ne téléchargeant pas devraient également payer cette taxe, la difficulté de trouver un montant pour celle-ci, la compatibilité avec le droit international et la territorialité du droit d’auteur ainsi qu’une possible manipulation criminelle des statistiques.

Premièrement, la commercialisation traditionnelle deviendrait-elle obsolète ?
Il n’y a nul doute que la commercialisation telle que nous la connaissons aujourd’hui n’a pas grand-chose à apporter face au téléchargement. En téléchargeant, il n’est plus nécessaire de se déplacer ni d’attendre longtemps avant de voir ce qui nous intéresse. C’est un atout dans une société de consommation comme la nôtre où plus personne n’a la patience d’attendre. C’est d’ailleurs sur cette absence de patience que joue l’industrie du livre en proposant des livres de poche moins chers mais sortant en librairie bien plus tard. Ici cela favorise le téléchargement.
Par contre, il est certain qu’il y a une place pour une « nouvelle commercialisation traditionnelle ». Personne n’est contre le fait d’acheter un cd ou un dvd mais il faut qu’il apporte plus, qu’il apporte différemment. En effet, il y a de la place pour ce marché mais à condition qu’il ne soit pas concurrent au marché des téléchargements. Face à ceux-ci, le marché traditionnel n’a aucune chance mais s’il arrivait à se différencier assez de celui-ci, il y aurait de la place pour deux marchés différents et deux types de consommateurs. C’est la même question que de savoir si un raisin traditionnel et un raisin sans pépin sont deux biens substituables. Dans le cas de la musique et des films etc, l’élasticité de la demande est élevée ce qui signifie que l’acheteur n’est pas otage du marché et qu’il est très réactif aux variations de prix. Si le cd est un peu plus cher qu’avant, il arrêtera d’acheter car ce n’est pas un bien de première nécessité. De plus le téléchargement et la commercialisation traditionnelle sont actuellement des biens substituables pour le consommateur moyen ce qui signifie qu’à produit égal, il choisira le moins cher. (Dans l’absolu, si le prix du cd augmente, le nombre de téléchargement augmentera ; si le prix du cd diminue, le nombre de téléchargement diminuera). Le concept d’élasticité est souvent utilisé pour connaitre l’étendue du marché.
Il suffit donc pour le marché traditionnel de proposer quelque chose d’assez différent pour que le consommateur ne lie plus les deux biens ensemble. Quand on regarde le marché des films et celui du cinéma par exemple, les biens ne sont pas substituables puisque l’offre est différente. Au cinéma, on paye le film mais pas seulement. On paye le fait de faire une sortie dans un cadre agréable, souvent entre amis ou en famille, le magasin proposant des douceurs, les sièges confortables, etc. Le cinéma a donc bien plus à apporter au consommateur que le simple visionnage de film. Si on utilise la même technique en proposant par exemple un cd dédicacé ou un concert gratuit pour une personne tirée au sort parmi les acheteurs du cd, ou encore que l’on offre à un acheteur de dvd une avant première pour le prochain film de l’acteur principal, les biens se différencieront. Il y aura deux sortes d’acheteurs : certains téléchargeront car ils ne se soucient pas du cadeau offert par l’achat du cd ou du dvd et les « fans » achèteront sans aucun doute le cd qui leur apportera une chance de gagner un bien qu’ils valorisent beaucoup, ou en tout cas assez pour payer la différence de prix entre celui d’un téléchargement légal et un cd ou dvd par exemple. Il y a donc une solution pour ce premier inconvénient.

Deuxièmement, un traçage des usages est nécessaire mais sans toutefois savoir qui télécharge quoi. Quand il s’agit d’atteinte à la vie privée, beaucoup montent sur leurs grands chevaux et un tollé général se soulève pour crier au scandale. Évidemment, la vie privée est un droit fondamental mais à partir du moment où il n’y a que la consommation qui est examinée et cela certainement par des ordinateurs vu le nombre d’informations à collecter, tout cela sous le couvert de l’anonymat, il faut relativiser les choses et ne pas considérer qu’une atteinte à la vie privée en vaut une autre. De plus, cela se ferait dans un but louable qui est la redistribution équitable des bénéfices.

Troisièmement, il est injuste de faire payer des utilisateurs d’internet ne téléchargeant pas. En réalité, cette affirmation ne concernerait pas beaucoup de monde car beaucoup téléchargent déjà et dans ceux qui ne le font pas, il y en a qui ont fait ce choix parce que le téléchargement était illégal. Il est bien sûr possible d’inventer des mécanismes qui ne feraient payer que les internautes téléchargeant mais c’est assez difficile à mettre en place…
Une autre façon de voir les choses est de dire que ceux qui ne veulent pas télécharger pourraient prendre un internet mais pas à haut débit même si cela reste handicapant vu la lenteur de ce système. Il est aussi possible de considérer que ce nouveau service fait partie de l’offre des fournisseurs d’accès et que tous ont la possibilité d’utiliser ce service et que c’est en réalité cette possibilité qui est payante et non l’utilisation concrète (mais alors à qui reverser l’argent de ces personnes qui ne téléchargent pas ? Proportionnellement entre les différents artistes ?)
Pourrions-nous imaginer un service universel, un service qui serait donc abordable, accessible et de qualité ? Un service minimal pour tous avec des réductions pour les personnes les plus démunies? Tout en sachant que la mise en place ne serait pas si simple puisque pour avoir accès aux œuvres il faut nécessairement posséder un ordinateur et être relié à internet. Cela dépendrait de la faisabilité en pratique mais aussi de savoir s’ il faut considérer l’accès à la culture en téléchargeant comme un service qui doit être pour tous ou si ce n’est pas assez important ?
Il ne faut pas oublier que par exemple la réparation des routes est payée par tous même ceux qui n’ont pas de voiture ou qui ne savent plus bouger de chez eux pour raisons de santé. Ce ne serait donc pas la première fois qu’un petit nombre payerait pour rien dans l’intérêt du plus grand nombre. Cet argument est bien sûr dangereux si l’on perd de vue les limites mais il y a déjà des taxes qui grèvent les disques durs externes par exemple et qui vont dans le sens de ce même argument.

Quatrièmement, la difficulté de trouver un montant pour la taxe.
Il faudrait se référer à ce que veulent les parties et essayer de les concilier sans dépasser un montant raisonnable pour le consommateur. Si celle-ci empêche les plus démunis d’accéder à l’information, l’état pourrait décider de les subsidier pour l’accès à la culture comme il le fait déjà pour les recherches fondamentales par exemple.

Cinquièmement, la compatibilité avec le droit international et la territorialité du droit d’auteur. L’auteur aura en effet bien du mal à exercer ces droits dans un contexte de téléchargement mais c’est déjà le cas avec le téléchargement illégal.

Sixièmement, la possibilité d’une manipulation criminelle n’est pas à exclure. Il s’agit certainement du plus gros défaut de cette solution car il s’agirait d’un mal (manipuler les chiffres à l’aide de robots) pour un mal (se faire de l’argent illégalement et sur le dos des autres artistes) et non plus d’un mal (le téléchargement illégal) pour un bien (l’accès à la culture). Disons que cette solution engendrerait une autre lutte mais est-ce que cela pourrait être évitable dans notre société ?

Sans avoir la prétention, ni les connaissances requises pour trouver cette fameuse solution, je dirais que ce mécanisme pourrait être mis en place car malgré son imperfection il offre tout de même plusieurs avantages comme favoriser l’accès à la culture, un bien pour l’environnement en cas de réduction de la commercialisation traditionnelle, la possibilité pour des artistes moins connus d’être quand même rémunérés en cas de téléchargements de leur œuvre. Il ne faut pas non plus être dupe car la plupart des personnes ne verraient pas autant d’œuvres sans le téléchargement que ce soit par choix ou par budget et donc ce n’est pas parce qu’on télécharge une œuvre que sans cette possibilité on l’aurait achetée. De plus l’intérêt de cette solution est qu’il est difficile d’interdire, vu la quantité d’informations sur internet, alors autant inciter un comportement réfléchi comme le téléchargement légal.

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Mathis Bredimus
Merci pour vos remarques intéressantes. Permettez-moi d’y ajouter quelques réflexions. Vous posez une question concernant la différenciation entre les utilisateurs qui téléchargent effectivement et ceux qui, in fine, payeront pour la "possibilité" de télécharger, mais ne le feront jamais, et vous demandez "mais alors à qui reverser l’argent de ces personnes qui ne téléchargent pas ? Proportionnellement entre les différents artistes…
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Merci pour vos remarques intéressantes. Permettez-moi d’y ajouter quelques réflexions.

Vous posez une question concernant la différenciation entre les utilisateurs qui téléchargent effectivement et ceux qui, in fine, payeront pour la “possibilité” de télécharger, mais ne le feront jamais, et vous demandez “mais alors à qui reverser l’argent de ces personnes qui ne téléchargent pas ? Proportionnellement entre les différents artistes ?”

Je crois que cette question ne se pose pas vraiment, car les recettes de la taxe seraient traitées comme la plupart des recettes fiscales ou parafiscales, en ce sens que la redistribution, ici, se fait en tenant compte du nombre de fois qu’une œuvre spécifique a été téléchargée (en utilisant les technologies qui, pour l’instant, sont utilisées pour faire le traçage des “pirates”, cf. p.ex. Audible Magic), sans pour autant différencier entre les origines des sommes. En effet, vous donnez vous-même l’exemple de la réparation des routes.

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Elisabeth Wirion  
Tout d’abord il faut partir d’un simple constat: Tout fichier sur Internet est susceptible d’être piraté. Il y a des situations dans lesquelles la mise à disposition gratuite des œuvres ne nuit pas à l’artiste, voire est même bénéfique pour ce dernier. Ceci est clairement illustré par les musiciens de Nine Inch Nails qui ont distribué gratuitement leur musique sur…
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Tout d’abord il faut partir d’un simple constat: Tout fichier sur Internet est susceptible d’être piraté. Il y a des situations dans lesquelles la mise à disposition gratuite des œuvres ne nuit pas à l’artiste, voire est même bénéfique pour ce dernier. Ceci est clairement illustré par les musiciens de Nine Inch Nails qui ont distribué gratuitement leur musique sur Internet et gagnent entretemps des fortunes en donnant des concerts payants. Mais cette tactique est difficilement réalisable dans d’autres domaines : comment un auteur d’un livre pourrait-il remplir des salles de concert avec son e-book piraté ?

Une nouvelle mesure a donc été imaginée qui aurait pour but de légaliser le téléchargement des contenus audiovisuels tout en rémunérant leurs auteurs : la licence globale. Cette licence globale serait financée par une rétribution forfaitaire payée par les internautes en supplément de leur abonnement Internet.

Cette proposition soulève différentes questions :

Premièrement, elle rendrait probablement, à terme, une commercialisation traditionnelle obsolète.

Ceci est une constatation indéniablement vraie. Mais l’on peut se demander si cela est un vrai inconvénient. Notre société est de plus en plus axée sur le monde virtuel et il est clair que le domaine de l’audiovisuel n’y échappera pas. Le défi auquel l’audiovisuel doit faire face sera de déplacer ses techniques de commercialisation traditionnelles vers la commercialisation en ligne en essayant de se concentrer sur une augmentation de l’attractivité du produit en ligne.

Deuxièmement, afin d’assurer une redistribution équitable, un traçage des usages sera également nécessaire, toutefois avec la différence qu’il n’est pas nécessaire de percer le voile de l’anonymat des internautes.

Le traçage des internautes ne présente pas une grande difficulté. En effet, il suffirait d’analyser grâce aux adresses IP où se localisent les usagers pour pouvoir assurer une répartition juste des recettes. Bien sûr il y des moyens pour modifier son adresse IP (via Proxy, VPN ou Tor) mais il faudrait un changement massif des adresses IP pour que cela aurait un vrai impact sur le calcul de la redevance.

Concernant l’identification des œuvres, elle serait faite par les fournisseurs d’accès à internet qui collaboreraient avec les développeurs des sites internet ou des logiciels destinés à partager et à échanger des œuvres.

Troisièmement, d’aucuns argueraient qu’il serait injuste de faire payer les internautes qui ne téléchargent jamais du contenu sur le net (mais cet argument pourrait, en réalité, être utilisé contre une très grande partie des dispositions de la (para-)fiscalité dans tous les domaines ; par ailleurs, n’oublions pas qu’il existe déjà de nombreuses taxes sur les CD/DVD-Roms, les disques durs, etc.).

Cet argument joue pleinement si l’on opte pour la licence globale obligatoire. D’où la proposition de deux modèles alternatifs : la licence globale optionnelle et la licence globale à paliers.

La licence globale optionnelle est la contribution forfaitaire qui serait payée par les seuls internautes qui souhaiteraient pouvoir télécharger et échanger des œuvres audiovisuelles sur Internet. Mais le problème qui surgit ici est celui de la mise en place de logiciels qui détecteraient les téléchargements non autorisés – mesure qu’on a voulu abroger avec la licence globale.

La licence globale à paliers va un cran plus loin : en plus d’être optionnelle, elle présente une échelle de tarifs différenciés, proportionnels au volume de téléchargements effectués. Il est clair que cette solution fait resurgir les mêmes débats que la licence globale optionnelle.

Ce qui serait donc le plus facile est d’opter pour une licence globale obligatoire, quitte à faire payer ceux qui ne téléchargent pas sur le net. Mais il ne faut pas oublier que cette mesure pourrait alors jouer comme incitant : les gens qui auraient normalement acheté des CD ou des DVD au magasin téléchargeront dorénavant ces œuvres sur Internet.

Cet argument qui semble être tout à fait bien-fondé à première vue pourrait de perdre sa pertinence dans un deuxième temps.

Quatrièmement, quel devrait être le montant de cette taxe ?

Généralement on estime qu’un montant entre 2 et 6 euros par mois serait le plus adapté. L’accent est pourtant mis sur le fait que 2 euros par mois détourneraient trop d’utilisateurs des modes de commercialisation traditionnels tandis qu’un prix trop élevé serait insuffisamment attractif par rapport aux offres légales existantes. Des études françaises réalisées en 2005 ont donc proposé le montant de 5 euros par mois parce qu’il semblerait être acceptable par les différentes parties.

Il ne faut pas perdre de vue que ceci est un point très sensible : d’un côté les gouvernements essaient de rendre l’Internet accessible à tous et d’un autre côté on parle ici d’une augmentation de 5 euros par mois. Il est important de remarquer qu’il y a des abonnements Internet à partir de 20 euros et ces 5 euros présenteraient dès lors une augmentation de 25% par rapport à ce prix.

Je pense qu’ici il faudrait procéder par essai et erreur : introduire un forfait dans un premier temps et analyser si ce forfait permet toujours à un grand nombre de gens d’avoir accès à l’Internet et si ce forfait rend possible une rémunération équitable des auteurs. Dans un deuxième temps il conviendrait alors d’ajuster ce montant.

Cinquièmement, quid de la compatibilité avec le droit international d’une telle solution et quid de la territorialité du droit d’auteur ?

La compatibilité avec le droit international présente un grand obstacle à l’introduction de la licence globale car elle foulerait aux pieds toutes les conventions internationales qui tentent à protéger les droits d’auteur. En effet, ces conventions donnent la possibilité à l’auteur d’interdire la mise à disposition de son œuvre sur Internet. Une négociation préalable au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, auteur des conventions internationales, s’avère donc indispensable. C’est aussi à ce moment-là où il faudrait trouver une solution au principe de territorialité.

Sixièmement, une manipulation criminelle des statistiques n’est pas totalement excluable.

Il est vrai que certains producteurs pourraient être tentés de mettre en place des robots téléchargeant leurs œuvres afin d’augmenter le trafic d’un pays et par conséquent d’augmenter la rétribution. La solution proposée est celle de sondages réalisés à grande échelle qui essaieraient de contrer cette manipulation frauduleuse. Mais ici encore, il n’est pas sûr que les résultats ne fassent pas l’objet de manipulations.

On pourrait imaginer des logiciels qui essaieraient de détecter ces robots de téléchargement mais ici en tourne à nouveau en rond : au lieu de légaliser tout téléchargement sur Internet et d’éviter les logiciels de contrôle, on arrive à nouveau sur un point où un certain contrôle s’avère indispensable.

Il est sûr que cette question est loin d’être résolue et qu’elle va encore être sujet de beaucoup de débats dans le futur.

Après l’analyse de ces différentes questions, j’estime que la mise en place d’une licence globale répond à une réelle nécessité du monde moderne. L’Internet est aujourd’hui devenu une espèce de monstre incontrôlable en pleine mutation et il ne sera jamais possible de réprimer tout téléchargement en violation des droits d’auteur.

L’étude des différents inconvénients a clairement montré que l’instauration d’une licence globale ne sera pas du tout aisée. Comment justifier que cette licence devra être payée par tout internaute et comment fixer une juste rémunération pour les artistes ? Et est-ce vraiment réaliste de penser qu’un accord au niveau international serait possible ?
Malgré ces hésitations, je pense qu’à un moment donné il faut se jeter dans l’eau froide et introduire le système de la licence globale, quid à devoir le réajuster par la suite. Selon moi, il présente malgré tout la solution la plus équitable aux téléchargements illégaux. En plus je suis d’avis que cette mesure sera favorablement accueillie par une large partie des internautes qui sont déjà maintenant prêts à dépenser de l’argent pour de telles flatrates (actuellement limitées à un domaine précis tels que la musique ou des livres audio) : il suffit de prendre les exemples de Napster, Netflix, Audible et autres.

Sources :

http://www.nytimes.com/2009/10/04/business/04digi.html?_r=2&hpw

http://medialab.sciences-po.fr/controversies/2011/ecole_com/licence_globale/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Licence_globale

http://alliance.bugiweb.com/usr/Documents/EtudeImpactUFC-QC-mai2005.pdf

http://www.licenceglobale.fr/titre-premier-la-licence-globale-une-remise-en-cause-profonde-du-droit-dauteur-chapitre-1-la-licence-globale-une-atteinte-au-droit-dauteur/

http://www.latribune.fr/technos-medias/medias/20120105trib000675888/une-licence-globale-mensuelle-pour-contrer-le-piratage-audiovisuel-.html

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Mathis Bredimus  
Merci pour ces remarques. Vous écrivez que "Une négociation préalable au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, auteur des conventions internationales, s’avère donc indispensable." Je me permets de vous renvoyer à la contribution d'A. Peukert que j'ai citée dans le post initial (l'ouvrage est disponible à la bibliothèque de droit de l'UCL) qui conclut que la licence globale ne serait…
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Merci pour ces remarques. Vous écrivez que “Une négociation préalable au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, auteur des conventions internationales, s’avère donc indispensable.” Je me permets de vous renvoyer à la contribution d’A. Peukert que j’ai citée dans le post initial (l’ouvrage est disponible à la bibliothèque de droit de l’UCL) qui conclut que la licence globale ne serait pas nécessairement incompatible avec le droit international. Par ailleurs, ne serait-il pas éventuellement plus réaliste qu’un parlement national fasse la démarche d’introduire un tel système au lieu d’espérer qu’une conférence internationale dominée par des économies comme les Etats-Unis (et ses lobbys RIAA et MPAA) aboutirait au résultat cherché? Quel pourraient vraiment être les conséquences si un Etat Membre de l’Union Européenne introduisait une telle loi?

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Elisabeth Wirion  
Un problème qui se pose ici est que, bien que la loi soit alors nationale, il ne faut pas croire que l’internet respecte ces frontières nationales. D’abord, il me semble qu’une telle loi nécessiterait un certain accord entre le parlement concerné et la collectivité des auteurs, parce que cela concerne en premier lieu le revenu de ces derniers. Imaginons que la…
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Un problème qui se pose ici est que, bien que la loi soit alors nationale, il ne faut pas croire que l’internet respecte ces frontières nationales.

D’abord, il me semble qu’une telle loi nécessiterait un certain accord entre le parlement concerné et la collectivité des auteurs, parce que cela concerne en premier lieu le revenu de ces derniers. Imaginons que la Belgique décide d’adopter une telle loi, devrait-elle alors contacter toutes les sociétés de gestion des droits d’auteur du monde ? Parce qu’il est clair que les internautes belges ne vont pas se limiter à télécharger des fichiers produits par des auteurs belges.

En plus, jetons un coup d’œil sur ceux qui gèrent les sites de téléchargement. Ils seraient pris entre deux feux : dans un pays leur site est considéré comme illégal car le téléchargement est considéré comme piratage tandis que dans un deuxième pays, qui pourrait être la Belgique qui a opté pour la licence globale, leur site est tout à fait légal et même souhaitable.

On pourrait certes décider que ces sites ne seraient accessibles qu’à partir de la Belgique. Mais il ne faut pas oublier que la localisation d’un internaute se fait par les adresses IP et que celles-ci se laissent manipuler facilement. On serait étonné combien d’internautes « belges » il y aurait tout à coup.

En fin de compte, la licence globale a pour but de ne plus devoir mettre en place des logiciels de contrôle pour lutter contre le piratage. Mais si seulement un pays a opté pour la licence globale, il doit bien veiller à ce que cette licence globale ne profite qu’à ses nationaux, ceux qui payent la taxe mensuelle, ce qui implique que de nouveaux mécanismes de contrôle sont mis en place.

Il me semble donc qu’une licence globale au niveau national serait peut-être possible au niveau théorique mais qu’elle engendrait tellement de coûts qu’en pratique, le projet reste irréalisable.

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Mathis Bredimus
Vous avez raison que la territorialité du droit d'auteur pose un problème. Néanmoins, ce problème n'est pas insurmontable. En effet, déjà à l'heure actuelle, il existe des accords de coopération et de représentation mutuelle entre les sociétés de gestion, car même aujourd'hui le problème de la territorialité se pose pour la commercialisation privée. Ainsi, le répertoire des sociétés de gestion…
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Vous avez raison que la territorialité du droit d’auteur pose un problème. Néanmoins, ce problème n’est pas insurmontable. En effet, déjà à l’heure actuelle, il existe des accords de coopération et de représentation mutuelle entre les sociétés de gestion, car même aujourd’hui le problème de la territorialité se pose pour la commercialisation privée. Ainsi, le répertoire des sociétés de gestion comprend, déjà aujourd’hui, bien plus que les œuvres belges.

En ce qui concerne les “sites de téléchargement”, le problème juridique est un autre. Si on s’intéresse au p2p réel (comme le BitTorrent), ces sites (comme ThePirateBay) existent sur des serveurs partout dans le monde et sont accédés par des internautes dans tous les pays. Leur spécificité est qu’ils ne sont pas hébergeurs de contenu et qu’ils ne violent donc, en principe, pas les droits exclusifs des titulaires, car ils ne sont qu’intermédiaires entre internautes qui font alors un échange direct de fichiers sans que ces fichiers ne passent par le site (néanmoins, le site précité était bloqué en Belgique et l’est peut-être toujours (je ne peux pas le vérifier, car je ne suis pas en Belgique pour l’instant) suite à un jugement relativement récent). En ce qui concerne les sites de type “one-click-hosting”, le débat est intéressant aussi si on se demande combien de sites ont aussi un marché réel légal de gens qui les utilisent pour faire des back-ups tout à fait légaux (car c’est une véritable copie privée) exclusivement pour leur propre usage (voy. par exemple les contributions concernant MegaUpload (qui, il faut l’avouer, ne faisait peut-être pas partie des sites les plus honnêtes) sur IPdigIT). En résumé, ces sites existent déjà à l’heure actuelle et continueraient simplement à exister sous un régime autorisant le téléchargement.

Une question qui se pose: est-ce que le volume d’œuvres qui peuvent être téléchargées sur ou via ces sites va augmenter de manière significative si le téléchargement est autorisé en Belgique? La réponse est peut-être oui, mais est-ce que cela serait alors vraiment répréhensible d’un point de vue belge si justement la Belgique fait ce choix d’autoriser le téléchargement, qui est aussi un choix moral? Si la Belgique autorisait le téléchargement, c’est parce qu’elle souhaite, à terme, que ce mouvement soit mondialisé. Un tel système profiterait donc *peut-être* à des internautes étrangers, mais que de manière indirecte (et d’ailleurs, en réalité, les plus gros uploadeurs resteraient sans aucun doute les Américains, comme c’est le cas aujourd’hui, bien que, à l’heure actuelle, ce soit illégal dans un pays comme dans l’autre).

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David Jouret  
L'idée d'une réforme de la protection des droits d'auteur est louable. Chacun sait que le droit doit être un instrument vivant, en phase avec la société qui est elle-même en constante évolution. Il est indéniable que notre époque est marquée par une révolution technologique sans précédent, dont internet est l'un des représentants les plus évidents. Le droit doit dès lors…
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L’idée d’une réforme de la protection des droits d’auteur est louable. Chacun sait que le droit doit être un instrument vivant, en phase avec la société qui est elle-même en constante évolution. Il est indéniable que notre époque est marquée par une révolution technologique sans précédent, dont internet est l’un des représentants les plus évidents. Le droit doit dès lors s’adapter à cette mutation de nos habitudes de vie et proposer des solutions aux nouveaux problèmes rencontrés. Mais toutes les évolutions engendrent-elles des problèmes?

La licence globale a pour but de lutter contre le phénomène plus ou moins récent du piratage et qui causerait des torts à l’industrie culturelle et mettrait en danger la protection des droits d’auteur. Ce postulat est-il correct? Le piratage a-t-il des effets aussi néfastes qu’on voudrait nous le faire croire?

A ce niveau, on peut trouver sur internet des conceptions radicalement opposées. Certains soutiennent que le piratage est un fléau, d’autres qu’il s’agit d’un incitant à l’achat de biens culturels. Quand les premiers invoquent les pertes dans l’industrie du CD, les second pointent du doigt la bonne santé exceptionnelle du secteur du cinéma ces dernières années. Si les uns affirment que le téléchargement illégal a conduit à la perte de 20 000 emplois en France entre 2004 et 2008, les autres rappellent que des analyses indiquent que les “pirates” achètent autant de biens culturels que ceux qui ne pratiquent pas le téléchargement illégal…

Les études se suivent et ne se ressemblent pas. Il est extrêmement difficile de mesurer avec précision l’impact du piratage sur l’industrie culturelle et, partant, sur les droits d’auteur.

Mais si l’on est partisan de la théorie selon laquelle le piratage n’a pas d’impact réellement négatif sur le monde artistique, la création d’une licence globale semble obsolète.

Encore pouvons-nous ajouter que si l’idée d’une licence globale venait à se concrétiser, elle serait à la source de nombreuses controverses. Comme pour le piratage, les avis sont très partagés mais la balance paraît toutefois pencher dans le négatif.

Mr. Mathis Bredimus pointe déjà dans son article 6 problématiques entourant la naissance d’une licence globale. Trois autres arguments en défaveur de la licence globale reviennent fréquemment dans les débats entourant la question.
Premièrement, la rémunération dégagée par une licence légale ne serait pas à même de compenser le manque à gagner hypothétique subi par l’industrie culturelle.
Deuxièmement, la licence globale conduirait à la destruction du droit moral de l’auteur, qui serait incapable de garder le contrôle de son oeuvre.
Troisièmement, la licence ne tiendrait pas compte de toute une partie de la population n’ayant pas accès à l’internet haut débit. Le mouvement de démocratisation d’internet ne sera-t-il pas freiné si une taxe supplémentaire vient s’ajouter aux forfaits de connexion?

En conclusion, à première vue et sans connaissance approfondie de la matière, la création d’une licence globale semble soit inutile, si l’on considère le piratage sans effet, soit négative et irréalisable, pour toutes les raisons évoquée précédemment.

Quelques sources:

1. http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/contre-la-licence-globale-5827
2. http://www.zdnet.fr/blogs/digital-jukebox/contre-la-licence-globale-39600436.htm
3. http://www.valhalla.fr/2009/04/26/pour-la-licence-globale/
4. http://www.licenceglobale.fr/introduction/
5. http://fr.readwriteweb.com/2010/08/03/analyse/lumire-sur-les-effets-du-piratage-de-films/
6. http://www.numerama.com/magazine/16273-impact-du-piratage-le-snep-s-appuie-sur-l-etude-tres-controversee-de-tera-consultants.html

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Mathis Bredimus
Merci pour ces commentaires auxquels je peux proposer quelques réponses. Premièrement, vous écrivez que "la rémunération dégagée par une licence légale ne serait pas à même de compenser le manque à gagner hypothétique subi par l’industrie culturelle". Ici, il faut se demander quel est réellement le manque à gagner de l'industrie. En effet, cette dernière a des prétentions qui paraissent parfois "un…
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Merci pour ces commentaires auxquels je peux proposer quelques réponses.

Premièrement, vous écrivez que “la rémunération dégagée par une licence légale ne serait pas à même de compenser le manque à gagner hypothétique subi par l’industrie culturelle”.

Ici, il faut se demander quel est réellement le manque à gagner de l’industrie. En effet, cette dernière a des prétentions qui paraissent parfois “un peu” irréalistes. Les calculs sont faits par les représentants de l’industrie elle-même et sont souvent basés sur le raisonnement (évidemment erroné) “1 téléchargement = 1 vente en moins” ou similaires.

A titre d’exemple, je renvoie à un commentaire d’un arrêt US-américain dans lequel le juge reconnaît l’absurdité d’une demande qui conduirait à accorder des dommages et intérêts ($150’000 par “infringement”) de plusieurs billions (“trillions” aux USA, pays utilisant l’échelle courte), donc “more money than the entire music recording industry has made since Edison’s invention of the phonograph in 1877”. (1) Le commentaire ajoute ceci : “The music industry wants LimeWire to pay up to $75 trillion in damages after losing a copyright infringement claim. […] the GDP of the entire world is between 59 and 62 trillion. That’s right, the music industry wants LimeWire to pay more money than exists in the entire world.”

Pour la fixation d’un prix réaliste (qui paraît, en réalité, beaucoup plus bas qu’on ne pourrait le croire), je renvoie e.a. au pages 59 et ss. de l’étude “The Content Flat-Rate: A Solution to Illegal File-Sharing?”, citée dans le post initial.

Deuxièmement, “la licence globale conduirait à la destruction du droit moral de l’auteur, qui serait incapable de garder le contrôle de son œuvre.”

Cela n’est pas nécessairement vrai, parce que la licence globale peut très bien (et c’est d’ailleurs la solution envisagée) se limiter au droit patrimonial de reproduction digitale. Des atteintes aux œuvres peuvent rester illégales. Pour le droit moral, on resterait alors dans la même situation qu’aujourd’hui (si l’arsenal juridique donné à l’auteur ou au titulaire des droits est assez puissant n’est pas la question qui nous occupe ici).

Néanmoins, il faut aussi se demander si le droit à l’intégrité de l’œuvre est un bien absolu. Pour ne citer que quelques exemples, on pense aux “remix”, notamment répandus dans la musique électronique (utilisant des “samples” ayant leurs origines dans tous les genres) et à une proposition récente du gouvernement néerlandais qui voudrait légaliser de nombreuses pratiques que nous rencontrons au quotidien. ““We all love YouTube,” says Bernt Hugenholtz of the Dutch state committee on copyright law. “Many of the videos we find there are creative remixes of material protected under copyright. They’re mostly for laughs or political commentary, or they’re simply absurd. If we applied the law today strictly, we would not be allowed to do these things.”” (3) On pense évidemment aussi à la littérature : est quasi inconcevable une œuvre qui constituerait une création absolument nouvelle. Comme l’écrivait déjà Northrop Frye, “Poetry can only be made out of other poems; novels out of other novels.” (4)

Troisièmement, “la licence ne tiendrait pas compte de toute une partie de la population n’ayant pas accès à l’internet haut débit. Le mouvement de démocratisation d’internet ne sera-t-il pas freiné si une taxe supplémentaire vient s’ajouter aux forfaits de connexion?”

Cela est vrai dans son principe, mais je renvoie à ce que j’ai déjà dit concernant les propositions de prix relativement bas.

Par ailleurs, la proposition de loi citée dans le post initial déclare ceci : “L’établissement d’une ‘licence globale’ a pour objectif de financer forfaitairement les ayants droit du contenu disponible sur Internet, ce qui en conséquence sécurisera juridiquement les pratiques culturelles contemporaines des internautes. Parallèlement, cette proposition veille à plafonner le prix des abonnements Internet haut-débit au moment de l’instauration de la ‘licence globale’. En effet, la contribution créative ne doit pas être répercutée sur la facture de l’usager. Cette dernière est déjà trop élevée en Belgique, en raison d’un manque de concurrence dans ce secteur.”

(1) http://amlawdaily.typepad.com/limewiredamagesorder.pdf

(2) http://www.pcworld.com/article/223431/riaa_thinks_limewire_owes_75_trillion_in_damages.html

(3) http://www.rnw.nl/english/article/loosen-copyright-law-says-dutch-government

(4) N. Frye, Anatomy of Criticism, Princeton, Princeton University Press, 1973, p. 97.

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